C’est le document de la semaine pour Marghërit, en cette période de rentrée scolaire qui fait réapparaître beaucoup d’archives liées au monde de l’éducation : en 1922, l’école de filles de l’Alliance israélite universelle du quartier de Galata, à Constantinople en Turquie, réunissait les élèves de la classe de troisième pour une très belle photo de groupe.
Classe de 3e de l’École de filles de l’Alliance israélite universelle de Galata, à Constantinople, année scolaire 1922. Cliché du Studio Londres d’E. Paghnouni, à Pera. L’exemplaire de cette photo de classe appartenait à l’une des élèves présentes ce jour-là, Bella Arouete (n°39 sur la photo), qui avait écrit au dos : « Souvenir de la 3ème, classe de l’année 1922 à l’âge de 13 ans, École Alliance Israélite Universelle, Maîtresse Melle Hodara » – DR / Coll. privée.Installé dans le quartier stambouliote de Galata (lui-même inclus dans le quartier européen de Pera, ou Karaköy, situé au nord de la Corne d’Or, port naturel sur les rives du Bosphore qui constituait le cœur de la ville byzantine), cet établissement scolaire qui recevait filles et garçons avait été créé en 1875 par l’AIU – l’école de filles de Galata suivit en 1879 -, qui comptait quatre autres écoles du même genre dans la capitale de l’Empire ottoman (dans les quartiers de Balata, Couscoundjouk, Hasköy et Ortaköy). Mais aussi beaucoup d’autres, du primaire au lycée, généralistes et professionnelles, au service de familles juives et non-juives du monde balkanique, méditerranéen et oriental, institutions d’enseignement organisées dès les premières années qui suivirent la fondation de l’Alliance en 1860** : en Bulgarie, au Maroc, en Algérie, Tunisie, Tripolitaine (Libye), Égypte, Palestine, Syrie, Mésopotamie (Irak), Perse (Iran)… Le plus grand nombre d’établissements scolaires de l’AIU était d’ailleurs situé, d’après sa propre nomenclature, en « Turquie d’Europe » (qui s’étendait jusqu’en Grèce, comme Salonique et Rhodes où vivaient d’importantes communautés juives – 17 écoles), et en « Turquie d’Asie » (comprendre l’Asie Mineure – 6 écoles). Lorsqu’éclata la Première Guerre mondiale en 1914, l’Alliance israélite universelle comptait 183 écoles et lycées développées en France et à l’étranger, principalement dans le monde arabo-musulman. Mais en 1918, après la fin du conflit durant lequel l’Empire ottoman s’était opposé aux Alliés, l’AIU ferma progressivement tous ses bureaux et écoles implantés en Turquie : cette photo de classe est donc une des dernières réalisées dans l’institution de Galata.
L’une des élèves, Bella Arouete, a laissé pour la postérité la liste nominative (et numérotée : les chiffres avaient été inscrits à l’encre violette sous le visage de chacune)de toutes les jeunes filles présentes pour ce moment solennel. Certains noms n’ont pu être correctement retranscrits : Marghërit vous met donc à contribution pour nous aider à redonner leur nom aux quelques élèves qui restent encore anonymes ! (numéros 23, 41 et 48)
1 . Estrea Canetti
2 . Esther Benbassat
3. Juliette Angel
4 . Rebecca Menassé
5 . Sara Menassé
6 . Estela Habib
7 . Louise Menassé
8 . Lily Ayache
9 . Rachel Levy
10 . Juliette Menassé
11 . Esther Galimdi
12 . Rebecca Treves
13 . Rebecca Barbouth
14 . Marie Cohen
15 . Régine Aboif
16 . Sophie Nachtigal
17 . Malvina Greïff
18 . Eugénie Benezra
19 . Marie Coencas
20 . Estrea Rouben
21 . Estrea Cafron
22 . Fortunée Fiss
23 . ? (pas nommée)
24 . Vasso Jehuita
25 . Marie Cristodoulides
26 . Esther Elie
27 . Fortunée Barbouth
28 . Soussana Esther
29 . Regine Avigdor
30 . Rachel Behar
31 . Sara Nichli
32 . Rachel Pilossofoh
33 . Gentille Mefano
34 . Zimboul Sousino
35 . Amalia Triedmann
36 . Meir Esther
37 . Rachel Mitrani
38 . Gracia Mitrani
39 . Bella Arouete
40 . Eugénie Assa
41 . ?? ____sse
42 . Zelma Alouin
43 . Donna Barocas
44 . Jany Sara
45 . Nelly Vichnas
46 . Visa Farhi
47 . Saranga Alegra
48 . Suzanne Beschaeri ?? Beschairo ?? Benhaerio ??
49 . Rose Yaeche
