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LES NUMÉROS DE TATOUAGES A AUSCHWITZ.

Publié le 10/06/2023 à 08:57 par rol-benzaken Tags : blog article sur center vie place homme enfants travail mort femmes divers

Auschwitz Birkenau
Camp allemand nazi de concentration et d'extermination (1940-1945)

Les enceintes, les barbelés, les miradors, les baraquements, les potences, les chambres à gaz et les fours crématoires de l'ancien camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, le plus vaste du IIIe Reich, attestent les conditions dans lesquelles fonctionnait le génocide hitlérien. Selon des recherches historiques, 1,1 à 1,5 million de personnes – dont de très nombreux Juifs – furent systématiquement affamées, torturées et assassinées dans ce camp, symbole de la cruauté de l'homme pour l'homme au XXe siècle.

image

 

Perspective globale concernant les tatouages à Auschwitz en explicitant les différentes séries de numéros, les choix de la SS (les pratiques, les lieux) et la situation pour les prisonniers (le moment du tatouage, ses conditions, les ressentis).

Le tatoueur d'Auschwitz de Morris Heather - Editions J'ai Lu

La question du tatouage est à la fois simple mais relativement complexe si on la détaille dans son évolution au fil des années, comme tout ce qui concerne Auschwitz. Dans les divers domaines qui s'appliquent à la gestion du camp, on peut constater un double mouvement, l’un basé sur les ordres transmis par la hiérarchie demandant la modification d’un fonctionnement, l’autre se fondant sur l’interprétation et la mise en place de ces ordres.

Evil-looking implements used by Auschwitz guards to tattoo prisoners ...

Il semble en effet que les ordres soient le plus souvent de portée générale et que les modalités de leur application soient laissés à l’appréciation du Commandant du camp (ainsi l’extermination des populations Juives d’Europe n’a-t-elle pas été menée de la même façon à Birkenau et à Treblinka par exemple, même si tous les Commandants de camp ont été formés à "l’école de Eicke" à Dachau, même si Höß est allé visiter Treblinka avant de faire des choix pour son propre camp quant à la mise en place de la "solution finale" qui lui a été ordonnée par Himmler).

Enfin entrent également en ligne de compte de possibles variations liées à l’immensité du camp : tout ne parvenait pas à être toujours contrôlé et une certaine place restait possible aux initiatives, bonnes ou mauvaises (voire aux erreurs, telle la poursuite des tatouages de la série A des femmes au-delà du numéro A-20.000 contrairement à ce qui était prévu).

‘The Tattooist of Auschwitz’ is a story of love and pain

Auschwitz (au sens large : les trois camps principaux –Auschwitz Stammlager, Birkenau, Monowitz- et les sous camps, lien vers la page de présentation ici) est le seul Lager dans lequel le numéro du prisonnier était tatoué dans la chair. Cela s'explique, comme nous allons le voir, par l'immensité du camp et par son objectif : la mort des prisonniers à plus ou moins brève échéance.


En effet, les déportés arrivant au camp qui étaient immédiatement sélectionnés pour la chambre à gaz n’étaient bien évidemment pas tatoués. Aucun numéro ne leur était attribué : ils devaient disparaître sans laisser de "trace comptabilisable".

70th anniversary of the liberation of Auschwitz - Mirror Online

Cela explique par ailleurs pourquoi il a fallu un temps considérable pour avoir une idée assez précise du nombre de ces victimes, puisque la seule façon de l'évaluer a été de retrouver trace de chaque convoi, et pour chacun connaître le nombre total de déportés et faire la différence avec le nombre de personnes qui furent choisies par les "médecins" de la SS pour entrer dans le camp et donc, elles, être tatouées.

Il convient donc de ne pas perdre de vue le fait que la différence est considérable entre le nombre de prisonniers tatoués et le nombre d’hommes, femmes et enfants à être entrés à Auschwitz. Nous saluerons dans ce domaine le travail considérable (terme à entendre dans les deux acceptions : celle de l’importance comme celle du temps passé) d’historiens tels Raul Hilberg bien entendu, mais aussi Danuta Czech et Franciszek Piper.

Ludwig Eisenberg, le tatoueur d'Auschwitz

Les déportés arrivant dans le camp (donc ceux qui n’étaient pas sélectionnés et dirigés directement vers les chambres à gaz) comme les prisonniers transférés d’un autre camp vers Auschwitz étaient enregistrés par la SS sur des documents établis en plusieurs exemplaires, notamment sur des fiches, les "Häftlingskarte", qui étaient conservées dans les bureaux de la section politique du camp (la plupart ont été brûlées par les SS avant l’évacuation).

Un numéro était alors attribué à chaque nouveau prisonnier. Dans les premiers temps, ce matricule ne figurait que sur des bandes cousues sur les vêtements, l’une sur la veste, l’autre sur le pantalon. Mais très vite, les morts se multiplièrent (coups ou mauvais traitements). "L'ordre et la discipline" voulus par les nazis furent rapidement mis à mal devant cette accumulation de cadavres parfois impossibles à identifier.

Il fut alors décidé (jusqu’à l’automne 1941) d’écrire le numéro matricule sur le corps du prisonnier mort ou mourant avec un stylo encreur. Cette solution qui, si elle pouvait convenir pour les prisonniers du HKB ("l’hôpital" du camp, HäftlingsKrankenBau, aussi appelé Revier) ne fut pas satisfaisante pour l’administration du camp, notamment pour les prisonniers Soviétiques. Victimes de traitements particulièrement épouvantables, ils mouraient alors en si grand nombre que les fiches ne pouvaient être tenues à jour.

Le musée d’Auschwitz en donne une échelle en expliquant qu’un groupe de dix Blocks a été isolé du reste du camp d’Auschwitz 1 pour former le "Russisches Kriegsgefangenen Arbeitslager" (camp de travail des prisonniers de guerre Russes) et que, sur les 10.000 prisonniers environ qui y furent enregistrés, 9.000 moururent dans les cinq mois suivant leur arrivée. Moins de 1.000 survivants furent ainsi envoyés à Birkenau pour la construction du camp. Au total, sur plus de 15.000 Soviétiques envoyés à Auschwitz, il y aura moins de 100 survivants à l’évacuation du camp.

Russia-Poland feud over history clouds Auschwitz anniversary - Los ...

Une première modalité de "marquage-tatouage" fut alors mise en place fin 41. Andrej POGOSCHEW, prisonnier Russe qui s’est évadé le 06 novembre 42, explique (PAF, 104è jour, 23 oct 64, p.22.614) qu’il est tatoué parce que les prisonniers Soviétiques l’ont été à partir de décembre 41, mais que ses camarades et lui n’ont pas été "tätowiert" mais "eingeritzt" (qui se traduit littéralement par "incisé" ou "gravé"). Il s'agissait d'une sorte de plaque sur laquelle figurait l'ensemble des chiffres réalisés avec des aiguilles. Pour entailler la peau, cette plaque était violemment appliquée contre le corps du prisonnier, sur sa poitrine. L'encre était ensuite passée sur les incisions.

Un wagon allemand présenté à New York pour une exposition sur Auschwitz ...


Татуировки Освенцим / Аушвиц-Биркенау : On notera que les numéros attribués aux prisonniers de guerre Soviétiques n’étaient pas de la même série que ceux des autres prisonniers. Cette série est allée jusqu’à 12.000 environ mais tous ne furent évidemment pas enregistrés.  Le prisonnier politique Polonais Tadeusz PACZUŁA, chirurgien, affecté pour cette raison au HKB, se souvient quant à lui (PAF, 43ème jour, 08 mai 64, p.6.607) que les prisonniers Soviétiques qui étaient enregistrés l’étaient "avec les lettres RKG et RKG-Au avant leur numéro. Plus de 12.000 furent numérotés parmi lesquels 79 étaient encore vivants quand j’ai quitté le camp" (le 27 sept 44).


Cette méthode, qui ne concernait au départ que les prisonniers soviétiques (ils furent des milliers à être tatoués avec cette méthode violente) commença à être utilisée à partir du printemps 42 pour tatouer des détenus Polonais de Birkenau dont l’espérance de vie était jugée très faible ou des Slovaques déportés à cette époque.

le-tatouage-sur-l-avant-bras-des-deportes-juifs-de-l-Holocauste ...

Et puis il fut décidé (début 43) de tatouer tous les prisonniers comme le confirme, parmi beaucoup d’autres, Władysław FEJKIEL (PAF -Procès d’Auschwitz à Francfort- 50è jour, p.9.204), prisonnier politique polonais n°5.647, amené à Auschwitz le 08 octobre 40, qui a fait partie du "Kampfgruppe" (le groupe de résistance intérieure) : "Dlatego że tatuaż dopiero w 43 roku wprowadzono". L’ancien prisonnier Russe Aleksandr LEBEDEV, prisonnier politique à Auschwitz depuis le 16 janvier 43, n°88.349, assure que (PAF, 96è jour, p.20.086) le tatouage des prisonniers de tout le camp a été décidé par Höß en 43 après l’évasion de trois prisonniers Russes qui avaient été envoyés travailler au bord de la Vistule.

Je n’ai pas retrouvé trace précise de cette évasion, sinon celle d’Andreas HASZPURENKO (Archives d’Auschwitz) qui était du même transport que le témoin (n°88.356) le 22 février, jour où en effet la Kommandantur du camp décide et informe par écrit que désormais devront être tatoués sur l’avant-bras gauche tous les détenus, hommes et femmes (et plus seulement les prisonniers Juifs comme cela se pratique depuis 42) à l’exception des Allemands, des prisonniers dits à rééduquer (Erziehungshäftlingen) et des prisonniers dits de police (Polizeihäftlingen). La note précise : "afin qu’ils soient plus facilement identifiables" (so daß sie leichter identifiziert werden können).

Le lendemain, un transport d’environ 1.000 Juifs, hommes, femmes et enfants, arrive de Breslau. Six hommes sont sélectionnés pour entrer dans le camp et tatoués (n° 104.027 à 104.032), tous les autres sont envoyés à la chambre à gaz...
Dans cette première série de tatouages -dite générale parce qu’elle continuera jusqu’à la fin de l’existence du camp, comme dans les autres- les numéros des femmes et ceux des hommes resteront chaque fois deux séries parallèles. La technique utilisée sera par aiguilles, chaque chiffre étant tatoué séparément, par une série de piqures individuelles, en général en sur la face externe de l’avant-bras gauche (bien que certains prisonniers, et notamment des femmes, aient été tatoué(e)s sur la face interne, peut-être à l’initiative du "Schreiber" préposé à cette activité). Marcel STOURDZE, prisonnier n°157.242 témoigne du procédé : "Pour faire le tatouage, un porte-plume avec, au lieu d’une plume, une épingle […] Vous avez 20 trous pour faire un chiffre".

Numéro 140603 tatoué en noir sur la face externe d'un avant-bras masculin.


La décision de tatouer les prisonniers d’Auschwitz et Birkenau, qui n’a donc pas été décidée ni pratiquée dans d’autres camps (où les matricules attribués étaient essentiellement cousus sur les vêtements) semble donc avoir été prise du fait de l’immensité du camp, du grand nombre de prisonniers, mais aussi de sa considérable mortalité, en particulier à Birkenau. Cela indique à la fois comment le prisonnier ne devenait que du simple bétail que l’on marquait, mais aussi que chacun était par principe voué à une mort proche même s’il n’avait pas été directement dirigé vers une chambre à gaz. Cela montre aussi la liberté dans la gestion de leurs camps respectifs qu’avaient les commandants.