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ENFANTS JUIFS CACHES AU CHATEAU DE NOIVAULT DE MONCOULANT.

Publié le 25/02/2023 à 20:44 par rol-benzaken Tags : enfants article travail histoire amis mort fille femmes sur photo fond cadre livre merci centre internet center

Noémie Fradin et les enfants juifs cachés près de Pugny de 1942 à 1944.

Pendant la guerre 1939-1945, le village du Noivault de Moncoutant, proche de Pugny, a été le refuge d’enfants juifs, de réfractaires au STO (Service du travail obligatoire en Allemagne) et de maquisards poursuivis par les nazis.   Les derniers acteurs locaux de cette sombre partie de notre histoire étant décédés, cet article a pour objectif de  rendre hommage à leur dévouement et à leur courage.

Noémie Fradin : une paysanne protestante  

Noémie Bénetreau est née au Noirvault de Moncoutant en 1889 dans une famille de paysans protestants. Le 20 juillet 1912, elle s’est mariée à Moncoutant à Camille Fradin, né en 1887 à Amailloux, qui habitait à Chateauneuf de Largeasse. Le jeune couple s’est alors installé au Noirvault pour ne plus le quitter.

Noémie Fradin.

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Deux enfants sont nés de cette union : Eva en 1913 puis Daniel en 1920. Entre temps, Noémie a du tenir la ferme seule avec les anciens du villagependant toute la guerre 14-18.  Comme tous les hommes valides de sa génération, Camille Fradin a été mobilisé dès août 1914. Cavalier dans un régiment de cuirassiers, il y a fait toute la guerre en échappant à la mort et aux blessures. Il n’a été démobilisé qu’en mars 1919.

En 1942, le Noirvault devient un refuge 

Pendant la seconde guerre mondiale, 10 familles habitent le Noirvault. L’entraide et la solidarité s’y pratiquent au quotidien. A partir de 1942, le village va devenir un refuge pour tous ceux qui sont recherchés par les allemands.

En 1942, Eva, la fille des Fradin, est institutrice à Paris. Elle a des amis juifs dans la résistance qui commencent à être pourchassés par les allemands et la police de Vichy. En juillet 1942 a lieu la grande rafle du  vel d’hiv qui voit l’arrestation de 13 000 hommes, femmes et enfants juifs. Eva Fradin va organiser avec le médecin Léon Chertok le transfert de 7 enfants juifs et d’adultes qui seront recueillis par les Fradin. Leur arrivée s’étale de  juillet 1942 à la fin de 1943.

Les enfants sont scolarisés à l’école publique de Pugny, dans la classe de Madame Limeuil.

Noémie Fradin réussit à berner la Gestapo

Le 12 avril 1944, arrivent au Noirvault trois hommes dans une traction avant. Ce sont deux inspecteurs allemand de la Gestapo et leur traducteur. Ils recherchent  Noémie Fradin, qui a été dénoncée, et qui heureusement est partie voir son médecin à Moncoutant.

Grâce à la solidarité de tous, les enfants ( qui sont ce jour là à l’école à Pugny) et adultes juifs comme tous les réfractaires peuvent se cacher et sont pris en charge par la résistance.

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Photo de l’école publique de Pugny en 1943 extraite du livre « Les enfants cachés de la résistance » de Jean Marie Pouplain. 6ème à partir de la droite au fond, Thomas Kasman. 3ème à partir de la droite au rang du milieu, Paulette Braun

Mais Noémie Fradin est convoquée à la Kommandantur de Niort. Elle ne peut pas y échapper sans faire peser sur tout le village le risque de lourdes représailles.

C’est donc vêtue de ses plus vieux habits que Noémie Fradin prend  le train pour Niort. Pendant plusieurs jours, elle résiste aux interrogatoires allemands, ne parlant que poitevin et passant pour une vieille folle. Lassés des propos incohérents de cette femme stupide, les allemands la relâchent sans l’inquiéter.  Noémie a réussi à berner la Gestapo !

Le fils de Noémie déporté en Allemagne 

Après le débarquement en Normandie le 6 juin 1944, un immense espoir de libération a parcouru le pays. Mais les troupes alliées ont du se battre avec acharnement pendant 2 mois avant de percer le front allemand. Nantes n’est par exemple atteinte par les américains que le 7 août. Le sud de la Loire est encore aux mains des allemands. La résistance organise alors de nombreuses actions de harcèlement pour empêcher leur retraite. Dans ce cadre, Daniel Fradin et plusieurs maquisards du bocage bressuirais se rendent en juillet 1944 dans la Vienne.

 Daniel Fradin , en uniforme d’élève mécanicien de l’armée de l’air à Rochefort. Photo CRRL

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Le 4 août, ce groupe de maquisards attaque une colonne allemande dans la forêt de Lussac des Châteaux. Daniel Fradin est fait prisonnier, envoyé à la prison de Poitiers, torturé puis déporté le 18 août vers l’Allemagne.

A la libération, le Noirvault devient un refuge pour les collabos

Fin août 1944, les allemands quittent enfin le bocage après plus de 4 ans d’occupation. Dans leur retraite, ils incendient Cerizay le 25 août et procèdent à de dernières exécutions à Montravers.

Mais après la liesse, la libération est aussi le temps des règlements de compte. Noémie Fradin, indignée par certains  comportements de vengeance, donne alors l’asile au Noirvault à deux femmes qui ont été tondues et un vieil officier qui avait trop de sympathie pour les allemands.

Cet acte relève bien les exceptionnelles qualités morales de Noémie Fradin. Alors que son fils a été fait prisonnier et est parti en déportation, elle protège de représailles des personnes qui auraient pu la dénoncer aux allemands quelques mois avant !

Daniel Fradin meurt en camp de concentration

Le destin ne va pas récompenser la grandeur d’âme de Noémie Fradin.  Son fils a été envoyé au camp de concentration de Buchenwald puis dans les mines de sel du camp de Neu-Stassfurt. Il y meurt de maladie et d’épuisement le 1er avril 1945.

Noémie Fradin récompensée à titre posthume comme « Juste parmi les nations ». 

Après la guerre, Noémie continua à entretenir des relations avec ceux qu’elle avait protégés. Camille Fradin est décédé au Noirvault en août 1960. Noémie l’a rejoint en octobre 1971. Ils sont enterrés au cimetière protestant de la Cournolière de Moncoutant.

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Le 10 octobre 1985, à la demande des enfants juifs que Noémie Fradin avait sauvés, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem lui a décerné  le titre de « Juste parmi les nations », la plus haute distinction civile de l’état d’Israël.

Depuis juin 2011, un square porte son nom à Moncoutant.

Merci à Rémy Billaud qui a confié sa collection d’articles de journaux pour découvrir et reconstituer ces événements.

Merci au pasteur Denis Vatinel qui a communiqué l’état civil de la famille Fradin.

Merci au Centre Régional « Résistance et liberté » et au Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres de Thouars.

 Château de Pugny au village du Noivault de Moncoutant.

 

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