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EXODE DES JUIFS DE TUNISIE.

Publié le 23/09/2024 à 20:56 par rol-benzaken Tags : divers centerblog sur france place société histoire centre création pouvoir image art

Exode des Juifs des pays arabes et musulmans.

L'exode des Juifs des pays arabes et musulmans fait référence à l'émigration contrainte d'environ 800 0001 Juifs hors des pays arabes et musulmans au XXe siècle, plus particulièrement après la création d'Israël en 1948 et l’indépendance de nombreux pays arabes.

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Tunisie

Les Juifs quittent la Tunisie en masse à partir des années 1950, en raison des problèmes évoqués et du climat hostile engendré par la crise de Bizerte, en 1961, et la guerre des Six Jours, en 1967.

La population juive de Tunisie, estimée à environ 105 000 personnes en 1948, n'est plus que de 1 500 personnes en 2003, soit moins de 0,1 % de la population totale. En 2018, la communauté la plus importante est celle de Djerba, bien devant celle de Tunis.


Période coloniale
Pendant la période du protectorat français, jusqu'en 1956, les éléments traditionalistes, hostiles au « modèle français » et à l’assimilation, se tournent plutôt vers le sionisme qui émerge alors en Europe. En 1910, la première organisation sioniste, Agoudat Tsion (Union sioniste), est fondée à Tunis.

Cette idéologie pénètre dans toutes les couches de la communauté via l’implantation pendant l’entre-deux-guerres de plusieurs courants luttant notamment contre les institutions communautaires : les sionistes de tendance laïque et socialistes (Tzéïré-Tzion et Hachomer Hatzaïr), les sionistes de droite (Parti sioniste révisionniste et son organisation de jeunesse Betar), les sionistes religieux (Agoudat Israel, Torah Va'Avodah et son organisation de jeunesse Bnei-Akiva, Daber Ivrit à Djerba), les sionistes généraux (Organisation sioniste de Tunisie) et les sionistes indépendants (Tseirey o'avey Tsion à Sfax).

Juive tunisienne en tenue d'apparat (1908).

image

À l’opposé des autres tendances, le sionisme est reconnu officiellement et organisé en associations et en partis. Malgré les importantes difficultés dans les relations entre ces divers courants, douze organisations sionistes s’unifient en 1920 dans une Fédération sioniste de Tunisie, reconnue par les autorités du protectorat, et largement dominée par son aile révisionniste. Associant parfois les notables communautaires à son action, elle développe notamment des mouvements de jeunesse et l’enseignement de l’hébreu, permettant ainsi le développement d’une identité politique et sociale moderne, mais ne cherche pas à promouvoir l’émigration des Juifs vers la Palestine qui reste inexistante.

Les mesures discriminatoires imposées par l'Axe contre les Juifs sont abolies dès la reconquête de la Tunisie par les Alliés à compter de fin 1943 et la communauté juive bénéficie dans l'immédiate après-guerre de conditions favorables à son essor. Elle connaît une période de plénitude dans tous les domaines.

Alors que l’émancipation avant-guerre était surtout représentée par l'adoption de la culture et des idéaux portés par la France, elle passe davantage après-guerre par le sionisme. Cette idéologie se diffuse au travers de publications locales telle La Gazette d’Israël (1938-1951) et La Voix d’Israël (1943-1946). Des cours d’hébreu moderne sont organisés par la communauté de Tunis, et des jeunes émigrent dès 1945 pour aller grossir les effectifs des pionniers d’Israël.

Après l’indépendance d’Israël, et surtout à partir du milieu des années 1950, l’émigration vers Israël ou la France devient massive au sein de la communauté - l’alya des Juifs tunisiens étant d’abord organisée par le Mossad le-'Aliyah Bet qui mène ses activités avec l’accord des autorités du protectorat.

Monument aux morts du cimetière du Borgel à Tunis.

image

En dépit de l’absence de statut légal, il permet à près de 6 200 personnes d’émigrer vers Israël en 1948 et 1949. Au début de l’année 1950, le département de l’émigration de l’Agence juive le remplace et reçoit un statut légal. D’autres départements de l’agence, engagés dans l’éducation au sionisme, l’émigration des jeunes et le mouvement scout, sont aussi actifs. Un autre est chargé de mettre en place des formations d’autodéfense afin que les futurs émigrés puissent protéger leurs communautés contre les violences dont elles pourraient être la cible.

Après l’émigration en Israël de leurs principaux responsables en 1952, ces départements sont démantelés mais reconstitués en 1955 par le Mossad et son bras armé, connu sous le nom de Misgeret. Shlomo Havillio, commandant en chef du Misgeret à Paris entre 1955 et 1960 et responsable des opérations au Maghreb, a admis plus tard que « les craintes initiales à propos d’éventuelles réactions des nationalistes tunisiens à l’égard des Juifs étaient beaucoup plus imaginaires que réelles […]

La seule crainte pouvait venir de la présence de révolutionnaires dans la société tunisienne après l’indépendance ». Dans ce contexte, les dirigeants du Néo-Destour, s’ils ne sont pas favorables au sionisme, disent ne rien faire pour empêcher le départ des Juifs de Tunisie à destination d’Israël. Ainsi Habib Bourguiba déclare en août 1954 :

« Les Néo-Destouriens s’opposent entièrement à l’antisémitisme et à la discrimination envers les Juifs de Tunisie. Ils sont pour l’égalité totale des droits […] Le gouvernement tunisien et les Néo-Destouriens feront tout pour assurer le bien-être des Juifs, mais si certains Juifs préfèrent émigrer pour telle ou telle raison en Israël, nous ne leur ferons aucune difficulté. »

Dès sa légalisation en Tunisie, l’Agence juive ouvre un bureau spécial à Tunis puis des annexes dans d’autres villes. Ces bureaux, animés par des Israéliens et des activistes juifs locaux, organisent l’émigration d’une majeure partie des populations juives des villes de Sousse, de Sfax et Tunis ainsi que des régions du sud du pays comme Ben Gardane, Médenine, Gafsa, Gabès et Djerba.

Ce phénomène touche surtout les communautés plus traditionalistes et les plus pauvres qui n’ont rien à perdre. En tout, plus de 25 000 individus quittent le pays entre 1948 et 1955131. Par conséquent, la communauté juive enregistre une diminution de 18,6 % en dix ans, dont 7,7 % dans la région de Tunis, 33,5 % dans le Nord, 26,9 % dans le centre, 38,9 % dans le Sud et 44,4 % dans l’extrême-Sud1. Si les couches les plus populaires et les moins francisées partent pour Israël, l’élite intellectuelle se divise elle entre la France et Israël.

Attaque en Tunisie : à Djerba, le pèlerinage endeuillé « d'une communauté juive attachée à ses racines » - Le Parisien

Indépendance
Après la proclamation de l’indépendance de la Tunisie sous la direction de Habib Bourguiba le 20 mars 1956, les autorités du pays s’attachent à intégrer les Juifs en abrogeant ce qui les sépare de leurs compatriotes musulmans : la Constitution de 1959 leur assure de pouvoir exercer librement leur religion et de ne subir aucune discrimination grâce à l’égalité proclamée de tous les citoyens sans distinction de race ou de confession. Le Code du statut personnel s’applique aux Juifs avec la loi du 27 septembre 1957 et réglemente dès le 1er octobre leur statut personnel en remplacement du droit mosaïque.

Un candidat juif est élu à l'Assemblée constituante de 1956 ; il est aussi élu dans la première Assemblée nationale en 1959 et réélu en 1964. Deux ministres juifs, Albert Bessis et André Barouch, sont aussi nommés dans les gouvernements de Tahar Ben Ammar et Habib Bourguiba. Néanmoins, l’exode de la population juive conduit les dirigeants à estimer que leur représentation cesse de se justifier : il n’y a donc plus de ministre juif dès 1959 et de député dès 1969. Même si l’émigration est autorisée, elle n’est pas encouragée par le gouvernement qui tente de décourager les artisans juifs, particulièrement les orfèvres, de quitter le pays.

Dans l’ensemble, la politique républicaine est libérale mais la situation économique et politique conduit au départ de la plupart des Juifs qui avaient choisi de rester dans leur pays après l’indépendance. Ainsi, la plupart des avocats affectés par l’arabisation du système judiciaire décident de s’établir en France où part leur clientèle, tout comme le font médecins et chirurgiens-dentistes.

Quant aux fonctionnaires publics, ils sont tenus à l’écart de certains ministères — comme les Affaires étrangères, la Défense nationale et la Sûreté de l’État — et ne bénéficient pas toujours de la promotion qui découle de leur ancienneté et de leurs compétences. Par ailleurs, l’administration favorise systématiquement les entreprises détenues par des Tunisiens musulmans alors que le fisc contrôle et taxe davantage celles détenues par des Tunisiens juifs. Le virage socialiste pris par la politique économique du gouvernement finit d’étouffer ces dernières qui ont disparu pour la plupart au début des années 1970.

C’est dans ce contexte que la crise de Bizerte de 1961, conflit diplomatique et militaire entre la France et la Tunisie, entraîne la crainte de représailles et d’une brutale flambée d’antisémitisme à la suite de rumeurs indiquant que des Juifs avaient aidé les troupes françaises. Elle conduit en tout cas 4 500 personnes à quitter le pays en 1962.

Elle est suivie par une nouvelle vague encore plus importante après la guerre des Six Jours : des milliers de manifestants se répandent à Tunis, le 5 juin 1967, détruisent les magasins appartenant à des Juifs et mettent le feu à des lieux de culte, notamment la Grande synagogue dont les livres et les rouleaux de Torah sont la proie des flammes, sans toutefois qu’il n’y ait de violences contre les personnes. Malgré la condamnation des événements, les excuses et les promesses du président Bourguiba le soir même de préserver les droits et la sécurité de la communauté, 7 000 Juifs supplémentaires émigrent vers la France et 2 362 vers Israël.

En général, la population juive qui reste, environ 12 000 personnes (dont 10 000 de nationalité tunisienne) dont les trois quarts sont concentrés dans la région de Tunis au début des années 1970, est composée de bourgeois qui possèdent un patrimoine si important qu’il légitime leur présence en Tunisie, de membres de la classe moyenne persuadés de pouvoir continuer à exercer leur profession dans les mêmes conditions, de membres de l’intelligentsia voulant prendre part à la construction du pays et de personnes incapables de trouver une meilleure situation à l’étranger faute de moyens.

En 1971, l’assassinat d’un rabbin en plein cœur de la capitale déclenche une nouvelle vague d’émigration. La guerre du Kippour en octobre 1973, l’Opération Paix en Galilée le 6 juin 1982, l’installation du quartier-général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Hammam Chott après septembre 1982 et son bombardement par l’armée de l’air israélienne le 1er octobre 1985 sont autant d’événements favorisant de nouvelles vagues d’émigration.

Des incidents ont lieu à plusieurs occasions, comme durant le Yom Kippour 1982 où des Juifs sont la cible d’attaques à Zarzis, Ben Gardane et Djerba, ou en octobre 1983 lorsque la synagogue de Zarzis est ravagée par un incendie attribué par la communauté juive à des groupes extrémistes arabes. En 1985, un soldat gardant la Ghriba de Djerba ouvre le feu sur des croyants et tue cinq personnes, dont quatre Juifs.

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La population tunisienne israélite passe ainsi de 34 400 en 1960 à 21 700 en 1965 et 10 000 en 1970. On estime leur nombre à 2 000 individus au début des années 1990 et à 1 500 en 2003.

Pour expliquer le départ des Juifs de Tunisie, Lucette Valensi rappelle que l’intégration à la société et à la culture dominantes n’était pas possible dans un État se proclamant arabe et musulman, une sécularisation ayant signifié la disparition de la communauté devenue une simple minorité.

Même si, pour Claude Tapia, « attribuer des causes ponctuelles à ce vaste mouvement de population […] ne rend pas compte du phénomène dans la totalité de ses dimensions ou de sa signification », Catherine Nicault estime que c’est probablement « parce qu’ils n’ont pas cru possible d’échapper au courant d’une histoire partout défavorable aux minoritaires dans les nouvelles nations arabes en formation, plus que pour toute autre raison conjoncturelle, que les Juifs de Tunisie ont décidé finalement » de quitter le pays.

Pour Haïm Saadoun, la situation au Proche-Orient a eu une influence marginale même si certains événements ont pu constituer un élément déclencheur du départ des Juifs. En réaction à ce départ émergent l’incompréhension et la perplexité des Tunisiens musulmans, d’où le chef d’accusation traditionnel de l’« ingratitude juive ».

Hommage aux Juifs Tunisiens.

Hommage aux Juifs Tunisiens

 

Au Liban, le destin tragique d'une communauté rayée de la carte