Betty Boop est juive !

Figure incontournable du secteur de l’animation , Max Fleischer est célèbre pour avoir créé les fameux personnages de dessins animés : Betty Boop et Koko le clown.

Né dans l’empire Austro-Hongrois dans une famille juive , ses parents émigrent aux Etats Unis quand Max n’a que quatre ans.

L'histoire des frères Fleischer est celle du seul studio qui aurait pu changer le visage de l'animation commerciale américaine du 20 ème siècle, et de son impact sur le grand public. En effet les Fleischer ont toujours été en avance d'une innovation sur Disney, mais comme le dit la fable « rien ne sert de courir il faut partir à point », et c'est ce qui fera la différence entre les deux studios.

Originaires d'Autriche, les Fleischer s'installent à New York en 1887. Max, qui sera la tête pensante des studios Fleischer, rentre dans le monde de l'animation lorsqu'il invente le rotoscope. Avec l'aide de son frère Joe à la fabrication et de Dave dans le rôle du clown, ils créent en 1915 un film d'une minute : Experiment N°1 . Alors que Max attend dans les bureaux de la Paramount pour présenter son film, il rencontre un ami, J.R.Bray, qui possède déjà un contrat avec la Paramount et propose à Max de l'engager dans son propre studio. Mais la guerre éclate et Max réalise des films d'entraînement pour l'armée. Début 1919, la guerre terminée, il rejoint Bray et la série Hors de l'encrier (Out of the Inkwell) peut commencer.

Suite au succès de la série, Max s'associe à son frère Dave en 1921 et crée la « Out of the Inkwell Films, Inc. ». En 1924, grâce au procédé du Dr Lee Forrest, ils produisent les premiers films sonores, bien avant le Steamboat Willy de Disney ! Cette même année, ils fondent la « Red Seal Pictures » avec l'aide d'un propriétaire de cinémas New-Yorkais. Ils inventent la « Bouncing Ball » (la boule qui ponctue les syllabes des chansons à l'écran, ancêtre du Karaoke) et le premier personnage parlant de l'histoire du cinéma.

Malgré toutes ces innovations, la société est couverte de dettes et dépose le bilan en 1927. Un nouvel associé reprend l'affaire et se nomme président de la nouvelle compagnie, « Inkwell Imps », dont les films seront distribués par la Paramount. Après de nouveaux déboires, cette société s'arrête aussi et les frères créent alors la compagnie « Fleischer Studios, Inc » dont la Paramount devient le principal actionnaire.

L'apparition du son laisse un bon nombre de studios d'animation sur le carreau, mais les frères Fleischer s'y étaient préparés depuis longtemps. Dès 1929 ils créent une série nommée Talkartoons (dessins animés parlants) dans laquelle apparaîtra bientôt Betty Boop. Un autre tournant sera leur adaptation du personnage de Popeye. Le personnage plaît immédiatement et devient un véritable héros populaire.

Max et Dave Fleischer, qui avaient jusque là prêté assez peu d'attention au scénario de leurs courts métrages, établissent avec Popeye une structure narrative forte qui se retrouvera dans chaque épisode : Popeye a un objectif, sortir Olive du danger en surmontant de nombreux obstacles, souvent incarnés par Bluto - ils se bagarrent et Popeye avale à la dernière minute sa fameuse boite d'épinard pour l'emporter.

Les Fleischer calculent avec soin le temps que doit durer chaque portion d'action. La formule est tellement efficace qu'elle servira plus tard à tous les grands films de Bugs Bunny , Tom et Jerry et d'une grande partie de la série Looney Tunes de la Warner. La série des Popeye durera près de 10 ans !

Max Fleischer veut aussi concurrencer Disney qui au fil des années est devenu grâce à Mickey le studio d'animation le plus en vogue. Il commence alors une nouvelle série en couleurs : Color Classics , dont le premier film est Pauvre Cendrillon avec Betty Boop en 1934. Mais Max est obligé d'utiliser un procédé en deux couleurs, Disney ayant l'exclusivité du Technicolor. Lorsque Max peut enfin utiliser ce procédé en 1936, il réalise l'un des chef-d 'œuvres de la série : Au pays du rêve ( Somewhere in Dreamland) .

En 1937 une grève frappe les studios Fleischer, quatre ans avant celle qui atteindra les studios Disney. La grève va durer presque six mois, et obligera Max Fleischer à signer un compromis. Pour éviter que cela ne se reproduise, Max décide de déménager les studios en Floride, une opération qui va s'avérer fort coûteuse, alors même qu'il doit entreprendre la production de son premier long-métrage. Car entre-temps, Blanche neige et les 7 nains, sorti en décembre 1937, a remporté un énorme succès commercial. Les Fleischer décident de transposer à l'écran les voyages de Gulliver.

Il leur faudra faire vite car là où Disney avait disposé de 4 ans et d'un million de dollars, les Fleischer ne disposent que de 18 mois et 500 000 dollars. Le film remporte néanmoins un beau succès, alors même que la Seconde Guerre Mondiale ferme le marché européen. Pourtant la Paramount demande aux Fleischer un second long-métrage, Mr Bug Goes To Town , qui sortira malheureusement en décembre 1941, au moment où l'Amérique subit de plein fouet le traumatisme de Pearl Harbor. Cette fois, le désastre commercial est énorme et sonnera le glas des Studios Fleischer.

De nouvelles séries sont lancées sans grand succès. Au cours de l'année 1941, un personnage important, Superman, rejoint l'écurie Fleischer. 19 épisodes de Superman sont réalisés, la série étant saluée comme une grande réussite aussi bien au niveau de la réalisation que des scénarios. Encore aujourd'hui, elle est considérée comme un achèvement important en matière d'animation.

Mais cela ne suffit pas à sauver les frères Fleischer. Ne pouvant rembourser les 100 000 dollars qu'ils doivent encore à la Paramount , les Fleischer sont renvoyés de leur propre studio. La Paramount renomme leur compagnie « Famous Studios », qui continue de produire de nombreuses séries dont Popeye . Mais pour les frères Fleischer, la rupture est totale et ils décident de se séparer. Max finira comme il avait commencé au Bray Studios. Quant à Dave, il deviendra responsable du département animation à Columbia Pictures, avant de travailler au département scénario des studios Universal.

Il aura manqué peu de choses aux Studios Fleischer pour concurrencer Disney sur la durée. Mais ce qui est peut-être le plus important chez ces artisans, c'est que leurs films ont influencé de nombreux animateurs à travers le monde, dont Osamu Tezuka au Japon, et continuent de réjouir le public des dizaines d'années après leur création !

Presque centenaire, Koko le Clown, revient faire le pitre sur les écrans de cinéma !

Héros d’encre et de papier, la naissance de ce personnage est intimement liée aux débuts du cinéma d’animation américain. Après avoir admiré Gertie le dinosaure de Winsor McCay, Max Fleischer n’a plus qu’une obsession, inventer une machine qui permette d’obtenir un mouvement dessiné fluide. En 1915, il met au point, avec l’aide de ses frères, le rotoscope. Cette machine permet de décalquer image par image le mouvement d’un acteur filmé en prise de vue réelle. Cette base permet ensuite d’animer un personnage dessiné.

Koko le Clown est l’un des premiers personnages créés spécifiquement pour un dessin animé. Les scénarios des courts métrages, dont il est le héros, ont une structure identique. Max Fleischer, filmé en prise de vue réelle, dessine sous nos yeux Koko qui prend vie. S’ensuit une suite d’interactions entre le créateur et sa créature, chacun pénétrant tour à tour dans le monde de l’autre.

Courses poursuites, métamorphoses et gags divers s’enchaînent pour notre plus grand plaisir ! Invariablement, le film se termine par le retour de Koko dans son encrier. Il est difficile de résumer les histoires des courts métrages qui composent la série Out of the inkwell (hors de l’encrier), elles ne sont souvent qu’un prétexte à repousser les limites du réel. L’une des devises de Max Fleischer était : « Si ça peut être fait dans la réalité, ce n’est pas de l’animation. » Se battre avec une mouche, voyager sur Mars, s’envoler dans une bulle de savon, narguer un géant… Tout est possible dans l’univers de Koko le Clown !

Fleischer en 1919.

Jeunesse
Majer Fleischer est né le 19 juillet 1883, dans une famille juive à Cracovie, puis une partie de la Austro-hongrois province de Pologne autrichienne.

Il était le deuxième de six enfants d'un tailleur de Dąbrowa Tarnowska, Aaron Fleischer, qui plus tard a changé son nom en William aux États-Unis, et Malka "Amelia" Palasz.

Sa famille immigré à la États-Unis en mars 1887, s'installant La ville de New York, où il a fréquenté l'école publique. Au cours de ses premières années de formation, il a vécu un style de vie de classe moyenne, résultat du succès de son père en tant que tailleur exclusif pour les clients de la haute société.

Cela a radicalement changé après que son père ait perdu son entreprise dix ans plus tard. Ses adolescents ont été passés dans Brownsville, un quartier juif pauvre de Brooklyn. Il a poursuivi ses études au lycée du soir. Il a reçu une formation en art commercial à Union Cooper et l'enseignement de l'art formel au Ligue des étudiants en art de New York, étudiant sous George Bridgman. Il a également fréquenté la Mechanics and Tradesman's School de Midtown Manhattan.

Fleischer a commencé sa carrière chez Le Brooklyn Daily Eagle. Commençant comme garçon de courses, il est devenu photographe, photograveur et finalement dessinateur. Au début, il a dessiné des caricatures éditoriales à panneau unique, puis a obtenu le diplôme aux bandes complètes "Little Algie" et "S.K. Sposher, the Camera Fiend". Ces bandes satiriques reflétaient sa vie à Brownsville et sa fascination pour la technologie et la photographie, respectivement - toutes deux affichant son sens de l'ironie et du fatalisme. C'est à cette époque qu'il rencontre le dessinateur de journaux et premier animateur, John Randolph Bray, qui lui donnera plus tard ses débuts dans le domaine de l'animation.

Le 25 décembre 1905, Fleischer épousa sa chérie d'enfance, Ethel (Essie) Goldstein. Sur la recommandation de Bray, Fleischer a été embauché comme illustrateur technique pour l'Electro-Light Engraving Company à Boston. En 1909, il a déménagé à Syracuse, État de New York, travaillant comme illustrateur de catalogue pour la Crouse-Hinds Company, et un an plus tard est retourné à New York en tant que rédacteur en chef pour Science populaire magazine sous l'éditeur Waldemar Klaempffert.