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Date de création : 28.02.2014
Dernière mise à jour : 02.10.2025
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LES CHABBATS A CASABLANCA DE SOLY.

HISTOIRE DES CHABBATS A CASABLANCA DE SOLY ANIDJAR.

ANNÉES 60 TOUT REVIENT EN MÉMOIRE POUR SOLY ANIDJAR.

ENFANT ELLE SE RAPPELLE DES CHABBATS ET FÊTES EN FAMILLE A CASABLANCA.PAR SOLY ANIDJAR.

Voici l'histoire de mes chabbats a Casablanca ,
le souvenir est si beau que j'en rêve souvent.

Chaque jour de la semaine était dédié au chabbat.

Dimanche : marche , achats et cachèrisation de la viande.
Les préparatifs commençaient le dimanche après le petit déjeuner: pain brûlé sur le gaz que l'on tenait par un couteau ou une fourchette. Sur le pain on versait de l'huile d'olive et on saupoudrait du sucre en poudre .
Le sucre se vendait soit en petits carres que l'on mettait dans une boite en fer avec la photo de de sa majesté le roi 
Mohamed V, soit en grands "pilons" de sucre de 5 kg avec le papier de soie bleu turquoise fonce. Le papier nous déteignait dans les mains et il fallait un marteau pour casser le sucre en petits morceaux, qu'on mettait ensuite dans un bocal en verre .
il y avait aussi du sucre en poudre mais si non la bonne cassait pilait ...
Il y avait du sucre candy mais on ne se s'en servait jamais chez nous.
Apres avoir mange le pain et l'huile qui nous coulait entre les doigts, un bon verre de thé vert en grains, avec du nana , et on partait ma grand mère maternelle , mama sol ( sol amselem) et moi, au marche de bab marrakech. On prenait le bus 1 bis du marche central , on s’arrêtait a la place de France et on entrait par le D.L.P. ( derrière les planches), c'est comme ça qu'on appelait el behira .
J'adorais ce marche de mon enfance ( années 60).
Il y avait de tout on pouvait acheter des disques de mon idole Johnny, des vieux numéros de salut les copain ( le journal a la mode pour les jeunes), des livres anciens , des disques de Samy el Magriby, d'Albert Suissa de Zohra el Fassia, des timbres ancien des pièces de monnaies et des billets anciens, un genre entre marche aux puces et friperie. La-bas c’était mon empire et je me sentais l’impératrice Soly. Je dénichais chaque fois de belles choses. Apres le D.L.P, on arrivait sur la place du marche et on cherchait Hmido notre porteur , il savait que nous serions la vers 10 h ,
c’était comme ça depuis longtemps il nous attendait tous les dimanches.
Il avait des couffins immenses comme ceux qu'on met sur le dos de l’âne , les 2 couffins étaient relies entre-eux par une large bande tressée en ficelle , qu'il mettait sur son épaule.
Il restait avec nous environ 2 h , 2 h et demi, il attendait, nous suivait et remplissait les couffins.
On commençait par le boucher il y en avait des dizaines et l'endroit s'appelait berchid, rue des synagogues.
Chaque famille juive casablancaise avait son boucher et elle le gardait pendant des années .
La boutique du boucher était impeccable, le boucher portait un tablier blanc et sa viande (des grands morceaux de vaches et de moutons) étaient accroches a de gros fers sur une barre en fer très longue prés du plafond.
Le boucher découpait le morceau de viande pour le client directement sur le morceau accroche.
Etre boucher était un métier qui se transmettait de père en fils (tandis qu'aujourd'hui , c'est un metier que les jeunes n'aiment pas du tout).
Apres le boucher, on allait chez le poissonnier acheter les sardines, car tous les dimanches on mangeait les restes du chabbat mais surtout les sardines grillées sur le canoune (mejmare) et les braises.
On mangeait le saumon, pes espada, ou le merou pour chabbat.
On utilisait le merlan frais pour les boulettes, a la sauce tomate
ou pour le farcir avec de la purée de pommes de terre et du persil coupe, qu'on faisait frire.
Ensuite les légumes et les fruits. Les légumes selon la saison : fèves, artichauts, cardons, patates douces( moniatos de california),petits pois, truffes, artichauts nains avec des piquants (harissas) et les légumes de toute l’année : pommes de terre, tomates, concombre, laitue.
Ensuite le pain : il y avait un petit juif qui avait une boulangerie du moyen-age avec four dans cette rue et il faisait un pain de rêve. Il avait plusieurs sortes, il les mettait en pyramide et l'odeur on pouvait le sentir dans tout le souk..........
Dans cette même rue des synagogues au numéro 138 il y avait la fameuse boutique de monsieur Joseph Lugassy. La c’était le royaume des ménagères , il vendait des capsules pour les gâteaux et petits fours de toutes les grandeurs, des couleurs pour les pâtes d'amande, des amandes, des cacahuètes, du coco, des moules pour barquettes, des manches pour la crème (kharaya) des entonnoirs pour la kharaya, le vin pour le kidouch, les mezouzotes, les talites, les tefilimes, des livres de prières pour toutes les prières et pour toutes les fêtes.
En 1965 Joseph Lugassy est parti pour Israël.
Apres, Hmido partait seul a la maison au boulevard Mohamed V au passage Galinari numéro 95, avec les 2 couffins sur son épaule ( quelques années plus tard il a eu assez d'argent pour acheter une bicyclette).
Lorsque Hmido partait , souvent on allait pèleriner sur le tombe de Rebbi Liaou et on allait acheter le nana , prés de la porte ou on sortait sur la rue des anglais. Il y avait , et je me rappelle comme si c’était hier, 2 marchands un de chaque cote de cette porte , un vendait du nana, et l'autre vendait dans une grande jarre en terre du petit lait (rrayeb), et les gens buvaient sur place.
Le marchand de nana avaient des sacs en ficelles avec plusieurs sortes de nana et il criait : FLAIO, SOFI, MEKNASSI, AABDI, LOUIZA, HARCHA, MAR DEL DOUCHE( MARJOLAINE), CHIBA, KAZBOR, M'ADNOS...............
On achetait ce qu'il fallait et on retournait avec un petit taxi a la maison.
Hmido était déjà arrive et nous attendait, a la maison. Il n'y avait que mon grand père car c’était le jour de congé de la bonne.
Hmido recevait son argent plus un bon bakchiche( pourboire), il mangeait un peu de dafina que mama sol lui gardait exprès pour lui et des salades. Hmido adorait la dafina et il partait content jusqu'a dimanche prochain.
On mangeait nous aussi après que Hmido soit parti, on sortait tout ce qu'il restait au frigidaire plus les sardines grillées,
ensuite commençait la cachèrisation de la viande pour toute la semaine : bassines, sel, eau, des heures de travail dans la cuisine .

Lundi: lessive des nappes des serviettes et des vêtements pour chabbat, et tout le reste du linge de tous les jours.
La lessive se faisait a la maison dans la buanderie pour ceux qui avaient de la place , ou sur la terrasse .
Le linge était trempé dans une bassine ( bagno) en aluminium depuis la veille, avec du Tide ( tide lavando y yo descansando, tide lava todo lo que ay que lavar tide lava todo , tide limpia mas) c’était la promo a radio Tanger sur le Tide.
Il y avait 4 sortes de savons en poudre, omo, tide, pax, et bonux et si le linge était très sale on ajoutait 2 cuillerées de cristaux (comme des petits cailloux blancs).
Le linge blanc passait de bassine en bassine , la bassine du savon, la bassine avec l'eau du premier rinçage,
la bassine avec l'eau et javel la croix la bassine avec le bleu pour donner au blanc une couleur profonde, la bassine avec l'eau du dernier rinçage.
Plus une petite bassine avec amidon pour les nappes et serviettes.
Lundi je savais que c’était le jour des bassines, le linge était lavé sur une planche a laver en bois.
Il y avait une sebana qui venait tous les lundi , la bonne chez nous ne lavait pas le linge elle avait assez de travail a la maison.
La terrasse appartenait a tous les voisins et chacun avait son jour, nous c’était le lundi et depuis le matin jusqu'a la tombée de la nuit, car le mardi appartenait a un autre voisin.

Mardi : jour d'achat des poulets et repassage.
Les poulets étaient choisis et égorgés par le rabbin ( shokhet).
C'est papa qui achetait les poulets. C’était très long car il fallait choisir les poulets, ensuite la shekhita et le plumage. Les plumeuses étaient assises par terre , l'odeur des poulets était infernale. J'avais des nausées, je n'allais que kippour , car a kippour c’était un vrais cirque.
A la maison il fallait enlever les petites plumes qui restaient encore, brûler sur le gaz la peau du poulet, le vider et après la cachèrisation.
La bonne repassait pendant toute la journée, les nappes du chabbat, les napperons les draps........

Mercredi : jour des gâteaux pour toute la semaine et surtout pour chabbat.
Maman et la bonne pétrissaient sans perdre une minute: petits pains au chocolat, galettes sucrées, le gâteau au chocolat spécial pour chabbat a 4 h .
Plus les cacahuètes et les pépins grilles .

Jeudi: nettoyage du chabbat et épluchage des légumes.
Toute la maison était sans dessus dessous. On poussait les lits les armoires et les commodes.
A la cuisine, une bassine de pommes de terre pour le pastel (pastella), une bassine de pommes de terre pour la dafina, un grand bol de pois chiche trempes pour la dafina...........
Grace a D. lorsque je revenais de l’école la maison était comme pour Pessah. J'avais horreur de se remue-ménage, car si le dimanche je le passais chez mes grands parents maternels, le reste de la semaine j’étais chez papa et maman, avec mes 2 sœurs.

Vendredi: c’était le jour J 
LE JOUR LE PLUS LONG, LE PLUS DIFFICILE, TOUT DEVAIT ETRE PRÊT A L'HEURE AVANT LA RENTRÉE DU CHABBAT.
Il fallait pétrir le pain (obligatoire). Il y avait un four au bout de la rue Pierre Parent.
Il fallait préparer le pastel (pastella) : c'est le repas qu'ont fait pendant des siecles les juifs de la zone espagnole , Tanger, Tetouan, Arzila, Larache, Alkazar el Kibir ,
Je suis née a Casablanca, je suis une bidaouia, mais je ne connais pas les anecdotes des casablancais chez nous on mangeait made in Larache.
Il n'y avait pas de chabbat sans pastel ni poisson ni matboukha.
Il fallait préparer le poisson en sauce rouge : le poisson est la berakha du chabbat pour les marocains.
Il fallait préparer les salades : matboukha (salade cuite), barba (betteraves), bishbash (fenouil), piments grilles, artichauts bouillis si c’était la saison.
Il fallait préparer bien sur la reine dafina:
des pommes de terres, des pois-chiches, un morceau de pied de vache, de la viande de poitrine, de la patata douce, une petite orissa de blé en rouge dans une boite de guigoz en aluminium qu'on mettait dans la marmite de la dafina, une tripe farcie comme une saucisse qu'on roulait en escargot, des œufs. La marmite devait être très grande.
Apres que la dafina ait cuit pendant au moins 2 h avant de la mettre sur la beatrice ( fourneau) on ajoutait le café de massa dans la marmite, et on mettait a feu doux sur la beatrice juste avant la rentrée du chabbat.
Café de massa: c'est une pâte qu'on pétri une fois par mois. On fait des longs lacets de cette pâte qu'on découpe avec un couteau, on roule comme des grains de café, on met les cafés de massa a sécher au soleil et ensuite a cuire au four quelques minutes ou on les fait frire.
Ensuite on les partage pour 4 chabbats.
Je vous assure c'est un régal cette dafina de café de massa.

Chabbat : papa allait au travail et il revenait tôt pour l’apéritif, avec du Ricard 45, des œufs de poisson sèches (mokhama).
Chabbat a 1 h : le repas de rêve..............................
A 4 h le gâteau au chocolat
Et le soir lilt el had : le poulet avec olive et citron confits.
C'est comme ça pour moi jusqu'à aujourd'hui. Soly Anidjar.

 

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