Et à cette heure-ci du déjeuner d'un été de dimanche midi des années 60, ma mère faisait souvent quelques restes de tajines du chabbat. Par exemple: reste de la dafina, boulettes petits pois, poissons pois chiches, pizza géante faite maison avec tomates et anchois. Ou alors on raffolait des spaghettis étalés bien beurrés sur une plaque de tôle au grill du four.  Il n’en restait pas.

Le dimanche après-midi, l’été, on attendait mon père venir nous chercher après  sa partie de carte au café de la Renaissance. C’était un rituel tous les dimanches. 14 heures, 15 heures. Et alors, il nous oublié ? je cours vite le chercher au café. Il vient avec sa belle Américaine (la voiture) une Chevrolet Bel Air verte claire. On avait préparé serviettes et maillots de bain et nous voici sur le chemin des plages hors de Rabat. On changeait souvent de plages. Mais on avait une préférence pour les Sables d’Or .

Les plages étaient: Salé, Témara, Sables d'Or, Val d’Or, Skrirat, Mehdia...

Sur cette route qui va de Rabat vers ces plages, le long de la route bien droite, au loin, on apercevait l’horizon bleu issu de l’océan et du ciel. Vite on avait hâte de faire un plongeon. On plante la guitoune blanche à rayures bleues. On y restait jusqu’au soir pour attendre ce merveilleux coucher du soleil. Passez une journée pieds dans l’eau à la plage et vous verrez une marchandise aussi variée qu’inattendue, véritable vitrine ambulante qui déferle, telle un plateau de pâtisseries, devant des témoins passifs : gadgets de plage allant des bouées aux tapis de sable en passant par les sceaux et raquettes de tennis où se noie le vendeur en bouquet garni de formes et de couleurs attrayantes, tapis descente de lit, bibelots en bois et en céramique, tissus de djellabas, cerfs-volants et des collations légères telles que graines de tournesol, de citrouille, amandes et cacahuètes grillées, café instantané baladé dans de grandes bouilloires collées à un brasero, macarons de noix de coco, petits souvenirs sucrés de notre enfance, pralin aux cacahuètes et le fameux « jabane », nougat au bon goût d’eau de fleur d’oranger qui faisait bon coller aux dents, et qui s’est paré de couleurs, tiens…l’éternelle crème glacée et des chaussons fourrés de je ne sais quelle bizarrerie gustative, des sandwichs à la charcuterie, ou encore des figues de barbarie, … et les incontournables beignets au sucre, « sfinjs ».

Alice a 38 ans en 1958.

Alice a  38 ans en 1958.

Alice a 38 ans en 1958.

Alice a 38 ans en 1958. Visite en Andalousie en famille. Espagne.