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JOSEPH GOULVEN: Les MELLAHS de Rabat-Salé. PAGE 27.

Si cela est exact, on se trouve-là en présence d’une croyance appelée à disparaître, car bien des Juifs achètent maintenant du pain européen, notamment le samedi. En faisant la pâte, certaines femmes en enlèvent des petits morceaux qu'elles roulent ensuite en une seule boule destinée à être brûlée, ainsi se protègent-elles contre les mauvais esprits !

Si le repas et tout ce qui s'y rapporte nous montre la survivance de vieilles coutumes, dont beaucoup trouvent leur fondement dans les Ecritures, on ne saurait en dire autant pour les traits de superstition qu’on relève chez les Israélites et dont nous nous contenterons de donner ici un aperçu. La superstition, peut-on dire, est aussi nécessaire à l’esprit du Juif que la nourriture à son corps.

La vie juive est entourée d’une atmosphère surnaturelle, inquiétante ou réconfortante suivant les individus, des mystères d’un monde merveilleux invisible où se trame et se décide le sort de chacun. C’est ainsi que les mauvais esprits interviennent dans les moindres incidents de la vie quotidienne.

Les enfants sont élevés dès leur plus jeune âge, dans la crainte des « gens d’en bas », les djenoun. C’est même plus que la crainte, c’est la terreur que ceux-ci inspirent, car ils sont capables de tout. Aussi, lorsque vient le crépuscule, les enfants ont peur dans les chambres et ferment les yeux. Ils parlent souvent et avec effroi des «gens d’en bas » qui viennent surtout la nuit car les ténèbres constituent leur domaine...

Ces djenoun apportent naturellement avec eux toutes sortes de maladies. La petite vérole, la paralysie, l’épilepsie, l’attaque d’apoplexie, etc...,... etc., accusent incontestablement l’action d’un mauvais esprit en mal de vengeance.

Il suffit d’ailleurs pour tomber malade d’avoir peur des diables ou de faire certains actes tel que de verser de l’eau chaude dans un égout. Il est vrai que, dans ce dernier cas, on conjure la maladie en disant aussitôt: fi arkoum « restez dans votre méchanceté ».

Tout mal qui présente un caractère nouveau ou inconnu prend de suite une origine mystérieuse pour les Juifs qui s’empressent de l’imputer aux «gens d’en bas ». Mais on est assuré de guérir le malade en préparant un banquet aux djenoun. Toutefois ce banquet ne peut être donné par tout le monde ; il faut qu’une femme discrète se charge de jeter de l’huile dans la mer et de dire aux diables : «Voici votre festin ». C’est un remède très employé dans les maladies graves.

A Rabat, conformément à une coutume arabe rapportée par M. Brunot dans son livre La mer dans les traditions et industries indigènes à Rabat-Salé, on met de l’huile dans un verre et on la jette, pendant trois jours, à la même heure, soit à la mer, soit à l’abattoir.

Il est évident que les djenoun sont aux aguets. Ils logent partout ; on en est empoisonné. Fort heureusement, nous a dit une fillette de l’Ecole franco-israélite de Salé, ils ne viennent plus par la route de Rabat grâce à la construction du tramway. Tant de progrès les effraie !...

A n’en pas douter, le vrai moyen de se débarrasser d’eux, c’est d’employer de l’huile dans tous les cas possibles et imaginables, car les démons n’ont pas d’huile chez eux ; et comme c’est là un article qui leur est des plus utiles, ils consentent à vous laisser en paix si vous avez l’excellente idée de leur en offrir.

Soupçonnez-vous dans une maladie une intervention diabolique quelconque ? Vite mélangez de l’huile et de la semoule « bsis » et répandez-la le long du Mellah à minuit. Un enfant tombe-t-il ? Versez de l’huile à l'endroit même où il est tombé et dites : « Nos enfants sont comme les vôtres », et l’on est sûr de calmer les esprits infernaux.

Avez-vous contracté une maladie à la suite de peur ? Répandez de l’huile par terre à minuit et faites en sorte que personne ne vienne à passer dessus, car une femme enceinte qui le ferait serait sûre d’avorter. Si vous frappez un enfant ou tuez un poulet, ayez bien soin d’apaiser les djenoun en versant de l’huile là où l’enfant a pleuré et où le poulet a saigné, etc., etc...

Le lait et le henné sont également des matières agréables aux esprits et dont on se sert pour se garantir d’eux.

Il existe encore d’autres moyens de se préserver des « gens d’en bas». Une mère, dont les occupations l’obligent à laisser son enfant seul dans une chambre glissera un couteau sous son oreiller et dira : « Mon enfant est comme le vôtre. »

C’est également un couteau ou un sabre qui sert à écarter les diables du lit des petits garçons jusqu’à leur circoncision. Dans ce cas on fait le tour de la pièce avec un couteau, on le passe sur ¡'enfant, et après en avoir frappé la porte on le laisse quarante jours dans le lit. à moins que celui-ci ne soit en fer ; dans ce cas, les diables ayant peur du fer, on ne met pas de couteau dans le lit.

On recommande aussi lorsqu’on doit sortir de nuit, de se munir d’un couteau ou d’un objet en fer, mais on ne risque rien si on longe une ligne de chemin de fer ou de tramway. 

Certains emploient le sel comme objet protecteur, soit pour sortir, soit pour préserver les enfants au berceau : il suffit d’en saupoudrer pendant huit jours le lit de l’enfant.

On se protège encore contre les diables (chedim) en inscrivant neuf fois un verset de la Bible sur des petits papiers. Neuf fois ce verset doit être interverti afin que l’inscription prenne une allure cabalistique. On emploie ce signe de protection pour les enfants et plus communément pour les garçons.

Autrefois, à Rabat, il y avait Tante Rachel, Khalti Rahel, qui charmait les mauvais esprits, au moyen d’une poudre qui devait être préparée scientifiquement. Le docteur Kerr rapporte ce fait dont on a perdu le souvenir et sans doute aussi la recette....

image Tante Rachel, Khalti Rahel.

Ces quelques exemples prouvent que la crainte des « gens d’en bas » existe aussi bien chez les grandes personnes que chez les enfants. La population croit donc à l’existence d’un monde invisible peuplé de diables au pouvoir surhumain. Elle croit aussi aux anges et aux saints généreux et protecteurs qui défendent le juste contre les méfaits des chedim.

À une question que nous avons posée sur la forme du diable, il nous a été répondu qu’il avait le corps comme celui des humains, mais les pieds et les bras comme des pieds de poules. L’a-t-on vu seulement ? Mais oui, dans le Mellah de Salé il existe une vieille femme qui a vu beaucoup de diables et tient conversation avec eux; mais ils lui demandent toujours du sel...

On raconte aussi qu’un petit garçon seul au lit, a été visité une nuit par un diable qui est venu mettre un petit enfant à côté de lui en ayant soin de lui dire : «Si tu le dis à un autre tu seras perdu, » sur ces paroles le diable disparut. L’enfant n’a rien dit, mais tout le Mellah de Salé croit à la chose bien que les livres saints interdisent ces «abominations ».

Les musulmans prétendent que les Juifs sont très peureux et, qu’une fois couchés, ils ne se lèvent plus quand même ils entendraient du bruit dans leur chambre. Ils ajoutent que pour se préserver contre les mauvais esprits, les juifs se font faire, par les Hazani et les Marabouts, des écriteaux qu’ils mettent dans leur maison ou dans leur magasin et des papiers qu’ils portent sur eux.

Mais jusqu’à quel point n’ont-ils pas raison de prendre ces précautions, leur vie étant d’après eux, tellement entourée de dangers ? Dans la campagne on doit se méfier des hiboux qui crient; c est an présage de mort surtout pour les nouveau-nés. 

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