FAMILLE BOTBOL.
HAÏM - MARCEL- CLAUDE-JACOB le père.
Botbol c’est avant tout ..........Haim Botbol.


Ya Hasraa, Botbol La'amradar...avec lui c'était le bon temps.
La communauté juive de la ville de Fès a joué un rôle indéniable dans ce foisonnement artistique.
Comment peut-on oublier les Nessim Anakkab, David
Arrûsh, Ould Immou, Ould Haïm, Slimane Elfassi et la diva Zohra Elfassia?
Reinette l’oranaise, la princesse du Hawzi algérien, ne descendent-elle pas
de famille fassie?

Jacob Abitbol (le père) est né en 1927. Il est issu d’une famille d’agriculteurs des
environs de Fès. Orphelin de père et de mère à l’âge de 7 ans, un proche
s’occupe de son éducation. Passionné de musique et de chants, il s’initie
au luth et au piano pour finir en virtuose du violon, son instrument fétiche.
A 19 ans, il créa son propre groupe, écrivit et composa une dizaine de
chansons, éditées par les frères Sabbah, avant d’être rééditées chez Bous-
siphone. On peut citer « Khouti, khouti ghadrouni », « Touchia maya ghar-
nati» (dédiée à l’entrée de la mariée), « Goulou liha aâlach taoulti el ghiba»
et «El kas yal kas », l’une de ses dernières. A l’indépendance, sa notoriété
dépassera les frontières de la ville de Fès avec « Ghnnuw maâya ghnnuw».
En 1958, il participa à l’inauguration du Sijilmassa, célébrissime cabaret de
la corniche casablancaise.
Jacob Botbol nous quitte au mois d’août 1995 à l’âge de 78 ans.
Ses en-
enfants, Haïm, Marcel et Claude continuèrent de perpétuer et de rénover son
héritage.

Né à Fès au mois de février 1938, Haïm a grandi dans une ambiance fami-
liale conviviale et musicale, bercé par les chansonnettes de sa maman, Re-
doua Benaim, son père Yaâkov, Yaâcoub, Jacob, accueillait les grands noms
artistiques de l’époque. Il se souvient, alors qu’il n’avait pas plus de douze
ans, des Abdelouahab Agoumi, Mohamed Bouzoubaâ, Ghali Chraibi,
Houcine Belmekki Hajjam, père de notre ami et confrère Anis Hajjam, et
les Algériens Abdelkrim Dali et Redouane Bensari (ls de cheikh El Arbi
Bensari), qui a ni ses jours au Maroc, marié à l’une des sœurs de Ali Yata,
qui festoyaient chez les Botbol. Les oreilles du gamin enregistraient leurs
notes et leurs mots. «A 13 ans, j’écoutais mes tantes Georgette et Renée
qui fredonnaient, en famille, des Braouels, Aroubiyyat des femmes de Fès,
du Gharnati et les chansons orientales d’Ismahane, Farid, Abdelouahab et
Oum Kaltoum. Mais c’est grâce à mon père que je suis devenu musicien
et chanteur. Il m’a tout appris : la poésie Malhoun, le jeu des instruments…
Il m’a aussi écrit et composé beaucoup de chansons.». Comment pouvait-il
échapper à son destin? Adolescent, il forma sa première troupe et anima
les soirées du Club Culturel Al Batha.

Haïm Botbol sauvegarde des souvenirs émouvants de ses entrées aux pa-lais royaux. « Le Roi Hassan II nous a invité plusieurs fois à Ifrane, Skhirat et Rabat.

«Casa ya casa, elli mcha ma ja» disait la chanson populaire. La famille
quitte Fès pour habiter dénitivement Casablanca au début des années
60. Ils s’installèrent rue Tahar Sebti. Le père dans un appartement et les
frères dans un autre du même immeuble. L’ami et voisin, le chanteur et
compositeur Lahbib Idrissi, habitant la « Zaouia » d’en face, qui a reçu les
grands chanteurs et musiciens marocains, m’évoque avec nostalgie son
amitié avec les Botbol.

Tout en se produisant à Casablanca et à Tanger, les Botbol voyageaient
à travers le monde. Ils se sont produits en Algérie, au Canada, Place des
Arts, en Hollande, en Belgique et aux Etats-Unis. N’avaient-ils pas animé
la célébration du jumelage de Casablanca avec Chicago? De cette escale,
Haïm sauvegarde le souvenir de la disparition du regretté Aziz Belal.
Mais Paris reste l’une des villes phares dans leurs périples. Sam Levy se
souvient : « il y’a 20-25 ans, un juif fassi, ami des Botbol, avait organisé
une grande réunion des juifs fassis dans un grand hôtel ; le dîner fut animé
par les Botbol. Le père se tenait à l’entrée, très heureux de saluer tout ce
monde ». Il s’agit de la fameuse grande fête organisée au Grand Hôtel par
l’homme d’affaires Jackie Tordjman.

Avec la guerre du Golf en 1990, les Botbol quittèrent le Maroc pour la Ville
Lumière. Ils animèrent des soirées pour les communautés juive et musul-
mane. Haïm évoque celles du centre Rachi, de la Mutualité et de la salle de
Régence, à deux pas de la place de la République. Il parle, avec beaucoup
de nostalgie, de Mme Berthe, boulevard Saint-Martin, où se produisaient
les Macias, Enrico et son papa. « Un soir chez Mme Berthe, Salim Halali
se pointa en client. Je l’invitais sur scène et on a passé la soirée ensemble
chantant en duo ses mythiques morceaux. Je l’ai reçu plus tard à Casa-
blanca dans les années 90 chez ma lle, rue Moussa Ibn Noussair. Albert
Kakon l’avait invité. Il avait 85 ans. Dounia matdoum ».
Après trois ans d’exil contraint, les voilà-ils de retour au pays bien aimé
pour le grand plaisir de leurs fans. Quelques années plus tard, le paysage
musical se métamorphosa. Les choses n’étaient plus comme avant. Les
mélomanes s’étaient faits de plus en plus rares! Malgré cela, Haim, à plus
de 65 ans, en optimiste invétéré, embarqua la smala dans une nouvelle
aventure. Il cassa sa tirelire et fonda le cabaret l’«Andalousia» à Tanger. Le
nom évoque Al Andalûs, le souvenir du «paradis perdu», la symbiose entre
les trois religions du Livre. Tout un symbole.

Le nombre de chansons que Haïm a enregistrées. Au moins 300.
En 2000, Haïm Botbol rencontre le jeune producteur et patron du Label
FTG Records, Maurice Elbaz. Ils s’embarquent dans une nouvelle aventure
en enregistrant des dizaines de morceaux de l’artiste. Revisités d’une ma-
nière moderne, arrangés à l’air du temps et au goût de l’époque, les fans se
les approprient gratuitement via le Net. Et que vive la musique!
