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RECIT POUR MA MERE. ANNEE 1975. J'AI 26 ANS. 26/84.

J'ECRIS SUR MA MERE.

La vie c'est l'habitude, habitude de vivre avec sa mère et de vieillir tous les deux.

Au fait mon fils pour midi avec tes boulettes tu les veux avec des petits pois?

Souvent elle me proposait ses menus.

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Je me souviens et je raconte.

J'ai 26 ans en 1975. Elle a 56 ans. Papa 58 ans.

Mariage de Alice le 20 février 1941 à Rabat au Maroc avec Henri Benzaken.

En 1975 ils fêtent leur 34 ans de mariage.

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Nice 1975. Maman avait 55 ans. Moi 26 ans.

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C'était à Rabat. Rappel de mes souvenirs. Je ne verrai plus mes copains d'enfance,

je ne verrai plus les gnaouas, cette troupe de musiciens-acrobates qui venaient danser en bas,

je ne verrai plus ce groupe de fanfare qui venait nous annoncer l'arrivée du cirque Amar,

je ne verrai plus l'épicier Rhali du coin de ma rue,

je ne verrai plus jouer les enfants de ma rue avec leurs cris,

je n'irai plus et ne verrai plus la boulangère Madame Barboza,

je n'irai plus au four à pain avec la bonne porter la dafina le vendredi,

je ne verrai plus les scouts partir en tournée depuis l'école Talmud Torah,

je n'entendrai plus les chants hébraïques sortir des fenêtres de l'école Talmudique à coté,

je n'entendrai plus les cloches de la cathédrale Saint Pierre, place Piétri,

je n'entendrai plus les muezzins des minarets de la ville.

Les noms des rues, alors, ont été effacés à tout jamais et finalement aujourd'hui les anciennes épiceries, les appartements, les balcons, les coiffeurs, les pâtisseries, les boulangeries, les tailleurs, cordonniers, marchands de journaux et hebdomadaires, marchands de glaces et gaufrettes, auront leurs lieux de commerces et d'habitations complètement ensevelis par les bulldozer.

Je n'irai plus me promener au parvis de la tour Hassan et tourner autour des 400 piliers avec mes copains d'enfance,

je n'irai plus au cinéma Vox voir mes westerns préférés avec mes acteurs préférés, John Wayne, Richard Widmark et Gary Cooper,

je n'irai plus aux Galeries Lafayette à Noël pour voir les nouveaux joujoux et poser pour la photo avec le père noël,

je ne jouerai plus avec mes jeux d'enfance,

je n'irai plus fréquenter ma plage de Rabat en traversant ma rue Henri Popp et longer le mellah pour y arriver.

Je suis né près de la mer, l'air marin coule dans mes veines. Voilà pourquoi je suis salé, alors que d'autres sont fades. La plage, une chance pour moi.

je n'irai plus acheter les sfinjs au fond du mellah le dimanche matin,

je n'entendrai plus les cris des marchands de chiffons, du vitrier, du rémouleur, du vendeur de lait et de miel, etc...

je n'irai plus avec ma mère faire son marché le vendredi avant le chabbat,

on ira plus acheter mes chaussures chez Bata et Chaussures Simon (Marciano),

je ne jetterai plus de cailloux aux mendiants tels Hébotopa qui avait la maladie de Parkinson, Soulika Itro et Hez Bounafeh se promenant avec une bouteille de lait remplie de vin,

je n'ai plus le goût des piroulis vert, jaune et rouge, 

je n'irai plus à l'école de la rue de Pau en primaire,

je ne verrai plus tous ces handicapés mentaux et physiques, des idiots, des débiles, des vagabonds, des ivrognes, des clochards, des sans-abris, qui se baladaient en toute liberté.

je n'irai plus déguster une bonne glace Gervais à la vanille à la Ibense chez Monsieur  Ruimy, ni les polos, genre de glace à l'eau à l'orange et au citron, 

plus de piruline Galvez, délicieuses sucettes à la menthe, goûts banane, orange, citron, fraise, 

je n'irai plus le samedi soir au restaurant chouwaye de Mr Meyer où l'on y servait les meilleures grillades, boulettes, saucisses de foie et rates farcies,

je n'irai plus au coin de ma rue chez l'épicier Rhali, c'est ici la première fois que j'ai bu mon premier coca cola, mon pepsi, mon judor et mon crush orange,

Ma tête commence à tourner dans tous les sens comme une boussole.

Je recherche des noms, des prénoms, des noms de familles qui ont habité ici à Rabat.

Aujourd’hui et depuis longtemps (1970) aucunes de ces familles n’y habitent.
Toutes ont quittés définitivement le Maroc pour d'autres horizons.
Des familles entières qui ont vécu leurs vies dans ces quartiers de Rabat cessera d'exister...
je n'irai plus au ciné-club à Rabat le jeudi après-midi,
je ne verrai plus mes films préférés aux cinémas Le VOX, Le Marignan, La Renaissance, Le Colisée et Le Royal.
je ne mangerai plus de maïs grillé à l'entrée de la médina,
je ne boirai plus de thé à la menthe, fini cornes de gazelle au café maure des Oudayas,
plus de figues de barbarie non plus,
plus de bonne pour faire notre ménage, courses, etc...
je n'irai plus voir les fantasias avec les tambourins bruyants, les danseuses du ventre et les femmes hurlant avec leur youyous,
je n'irai plus à Rénovex de Mr Isidor Chicheportich rue Richard d'Ivry voir les jouets, 
je ne monterai plus au sommet de la Tour Hassan,
je ne pêcherai plus au Bou-Regreg,
je ne me baladerai plus avenue Mohamed V,
je n'élèverai plus de vers à soie,
je ne soufflerai plus les bougies pour mes anniversaires d'enfant, plus de projection de films à ces occasions, avec Charlot et Laurel et Hardy à notre grand bonheur de rigolages,
je ne m'émerveillerai plus aux couchers de soleil sur l'horizon atlantique le soir tombé,
je n'irai plus au jardin Triangle de Vue,
je n'irai plus voir les ruines au Chellah,
je n'irai plus au hammam avec ma mère et ma sœur au fond du mellah,
fini les pâtisseries à la Grande Duchesse et chez Gerber,
plus de yoyo, genre de sucre cuit attaché à un élastique, 
fini les plateaux de biscuits ramené du four de Mr Agoumi,
je ne verrai plus le cirque Antonio avec ses chevaux nains, les clowns Bobo et Cricri, les lions de l'Atlas, les trapézistes et acrobates.
C'est un peu de ma vie, de votre vie, vous les anciens R'batis peut être même une bonne partie de ma vie à Rabat, qui est finalement mon Maroc, qui sera assommée et brisée en milliers de morceaux.
Plus de jeux avec les noyaux d'abricots, on fabriquait des sifflets avec,
plus de jeux de billes, osselets, capsules de bouteilles,
plus de jeu de marelle sur cette terre battue de l'impasse Henri Popp avec les copains et copines, jamais plus je ne jouerai à chicha fava,
plus de jokari, fini la carriole de planche à roulettes où on descendait les petites côtes de notre quartier en évitant les passants.
Le passé c'est ce qui nous rattache à notre présent et nous guide, sans lui nous sommes des orphelins...
Je ne goûterai plus une larme de la mahia, c'était une boisson à base de figues, c'était une boisson clandestine, quelle eau de vie! quelle eau de figue! quelle mahia!!!
non plus, plus de mehlaba, raïb ou lait caillé,
je ne verrai plus ces beaux cavaliers de la garde royale,
et ainsi une page de notre histoire et de ces jeunes années passées et vécues à Rabat, mes années d'enfance se ferment pour toujours...
mais les souvenirs de tous ces visages familiers, de ces cœurs pleines de vies et de joies de vivre seront toujours dans nos mémoires collectives.
C'était une belle époque, innocente, et les liens communautaires se mélangeaient aux liens d'amitié pure et de fraternité entre voisins, entre amis intimes...
nous étions alors une grande famille.
Notre passé dans ces rue de mon enfance et de toutes les rues de Rabat réduit en poussières par la boule destructrice de cette grosse machine qui ose s'appeler le modernisme...
Je n'irai plus à ma plage, ni passer les dimanches d'été à notre cabanon de Sables d'Or, ni me baigner au Val d'Or, ni à Skirat, ni aux Contrebandiers, ni à Salé,
je ne sentirai plus ces odeurs de menthe fraîche au petit marché, ni la coriandre, et le parfum des orangers, plus les odeurs d'eucalyptus, de cèdre et de miel,
fini le jasmin et partout l'odeur de l'encens qui nous enveloppait,
je ne contemplerai plus ma tour Hassan depuis la terrasse de notre logement,
 
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je ne verrai plus les anciens habitants juifs au mellah de Rabat, tous sont partis, plus d'espagnols et portugais au quartier de l'Océan, plus de corses, plus d'italiens au quartier de l'Aviation.
Comment avoir des racines et n'être plus un vagabond récitant à qui veut l'entendre que oui! nous avions un véritable passé?
Fini la ballade au phare, plus de tour autour des remparts,
je n'achèterai plus mes fournitures scolaires à la librairie de Pierre Cousin et Elkaïm,
on ne m'enverra plus en colonie de vacances à Ifrane, ni monter sur ce lion de pierre,
je ne sucerai plus un bâton de réglisse,
je ne mâcherai plus de bazooka, ni pirouli,
je n'irai plus les dimanches d'hiver à la forêt du Chaperon Rouge,
fini la toupie, l'élastique et la corde à sauter, fini aussi colin maillard et marteau-ciseau,
plus de belles Chevrolet et américaines dans les avenues,
plus de jeux de cerceau et hulla hoop, plus de cartes ronda,
je n'irai plus aux boums et surprises party,
plus de barbe à papa, esquimaux Pingouin.
Oui! nous avions eu une magnifique enfance avec de vrais petits garçons et de vraies petites filles que nos parents surveillaient avec des yeux tendres...si le processus d'élimination de notre histoire au Maroc d'autrefois avait déjà commencé au début 1960.
Je ne me pèserai plus sur la balance de la pharmacie Vedel,
plus de bonbon-caramel-esquimau-chocolat à l'entracte du cinéma,
je ne lirai plus la revue Tartine, pim pam poum, Spirou, les Pieds nickelés, Tarzan et Coq Hardy,
je n'irai plus aux remises de diplômes de fin d'années primaires,
je ne verrai plus les petits cireurs de chaussures,
je n'irai plus voir les nouveaux jouets dans les vitrines du magasin le Nain Bleu,
je ne mangerai plus de glaces à la vanille et chocolat avec cornet au marchand ambulant,
plus de Teppaz pour écouter mes chanteurs favoris,
je n'entendrai plus Dalida chanter Bambino, Gondolier, Itsi Bitsi petit bikini et t'aimer follement, Charles Trenet, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud,  criaient à travers les fenêtres de ma rue,
je ne goûterai plus les marrons chauds à la sortie du cinéma, ni barbe à papa, ni pomme d'amour, ni jabane, ni pop-corn, ni pépites, ni cacahuètes, ni glands grillés, ni pois-chiche et fèves bouillis, ni escargots, ni gâteaux à la noix de coco, 
je ne collectionnerai plus les buvards,
je ne boirai plus d'antésite, ni de bière la Cigogne, crush orange et fanta citron, ni de judor,
plus d'achats à Chicago à la médina, petites échoppes qui vendaient des vêtements et chaussures mode pas chers,
je me pose aujourd'hui cette interrogation, comment ces deux communautés, juives et musulmanes ont-elles pu cohabité. Pourquoi cette soudaine séparation et définitive.
plus de rires avec les films de Jerry Lewis et Dean Martin, plus de films de péplum avec le Colosse de Rhodes, Spartacus et Tarasboulba,
je ne reconnais plus les rues de ma ville, pas plus les immeubles, mais en réalité un immeuble de quelques étages, combien même chéri de beaux souvenirs, ne peut rapporter le même gain que vingt étages de béton,
je n'entendrai plus Léon Noel et Marie-France à radio rabat,
plus de ballades en solex, à mobylette, à moto rumi et flandria,

 je ne vivrai plus la période ' yéyé ', j’écoutais:

Johnny avec son 'souvenirs souvenirs' et 'let's twist again', 
Sylvie avec 'je serai la plus belle pour aller danser', 
Sheila'vous les copains je ne vous oublierais jamais', 
Cloclo 'belles belles belles', Richard Anthony 'j'entends siffler le train', 

Françoise Hardi 'tous les garçons et les filles', Franck Alamo 'biche oh ma biche', 

Eddy Mitchell 'toujours un coin qui me rappelle', les Chats Sauvages et les autres. 

Coté anglais, les Beatles en 62 'love my do', les Rolling Stones 'satisfaction'. 

Coté usa, Elvis Presley, Paul Anka, les Beach Boys. 

CotéItalie, Gigliola Cinquetti remporte l'eurovision 1964 avec 'no,no,leta'. 

 On dansait le twist, lancé par Chubby Checker, ensuite le jerk en 66, le madison (Billy Bridge) le locomotion (Sylvie Vartan) le hully-gully (sheila)le mashed potatoes (Claude François) le surf (Trini Lopez) le slop, le letkiss. 

 je n'achèterai plus la revue salut les copains,
je ne collectionnerai plus les cartes-photos de mes chanteurs et groupes de rock préférés,
je ne danserai plus le twist, le madison, le locomotion, le hully-gully, le mashed potatoes, le surf et le letkiss, non plus le rock'n' roll,.....
je n'irai plus danser à l’Entonnoir, l'Aquarium, la Cage, le Panorama, le Bateau Ivre, la Plantation (sous-sol du café de la Comédie), au Brequey (sous-sol du Balima), "l'arc en ciel" et "le briquet" se trouvaient autour de l’hôtel Balima. "le jefferson" et le "biba" se trouvaient en bas de l'immeuble Mondolini, place Triangle de Vue. 
 
Mais une chose est sure, je retournerai un jour à Rabat comme en octobre 2009, ce sera certainement fin 2017 pour le demi-siècle de mon départ définitif du Maroc.
 

Récit Roland Benzaken.

RABAT….j’y suis né, j’y ai passé toute mon enfance et ma jeunesse….

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Petit souvenir d'enfance avec maman à Rabat vers 1960.

Maman avait 40 ans. J'avais 11 ans.

L'anse du panier de mon enfance à Rabat.

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Une de mes grandes joies d'enfant était d'accompagner au marché, Maman, enchantée d'avoir de la compagnie.

Une main serrant la sienne, l'autre l'anse du panier vide en raphia, dont le ventre frottait le trottoir, comme celui d'un basset.

Je me sentais plein d'importance, oubliant que pendant ce temps-là, mes petits camarades, eux, étaient en classe.

Une fois n'est pas coutume !

La vraie leçon de chose, c'était celle de la rue .

J'allais en sautillant, pour rattraper ses pas rapides, dans l'air clair du matin.

Je connaissais par cœur toutes les escales, mais c'était pour moi une joie toujours renouvelée.

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Alice a  55 ans en  1975. J'ai 26 ans (1949).

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Alice a  55 ans en  1975. Charles a 30 ans.

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Du temps de mon enfance à Rabat des années 60 il y avait toujours des fêtes (moussems) et des cérémonies. 

On assistait avec nos parents et famille aux fantasias de tambourins bruyants, des chanteuses dansant du ventre et des femmes hurlant avec des youyous, les coups de feu des cavaliers qui se succèdent à un rythme effréné nous faisaient sursauter.
Une poussière grise envahit nos narines et nos poumons et la chaleur insupportable en début d’après-midi, brûle les corps.
C’est la fête pour les marocains. Chevauxmusique, soleil, poussière:
c’est la Fantasia, communion entre l’homme et le cheval.
 
 Poussières de fantasia à la tour Hassan de Rabat.

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