Pourtant, beaucoup parmi eux, peut-être à cause de l’analphabétisme toujours existant ou par ignorance, se sentent trop éloignés du Divin et trouvent nécessaire de recourir à des intermédiaires pour exprimer leur dévotion.

Pour se rapprocher de leur créateur, ils font appel aux saints considérés comme des intercesseurs privilégiés, reconnus pour leur droiture, leur haut degré de spiritualisme et surtout leur «baraka». C’est ce qui explique la persistance au Maroc du culte des saints.
Cette situation engendre, de temps en temps, des abus inhérents à un excès de dévotion et à un ardent espoir en des miracles, seuls remèdes possibles à des cas désespérés. C’est ainsi que certains membres de la Oumma islamique finissent par demander directement aux saints des faveurs relevant de Dieu comme la guérison de maladie ou l’acquisition de richesses matérielles.

Mais, malgré ces excès, les saints ont énormément contribué au rayonnement de l’Islam, en assumant le rôle de guide spirituel. Ils ont même donné naissance à une doctrine, le soufisme, qui continue, même aujourd’hui, de faire des émules.

Les saints, par leur foi exemplaire, leur vie vertueuse et leur grande connaissance de la théologie, ont fini par devenir des oualis et des chefs de confréries.

Cependant, pour les apprécier à leur juste valeur, il n’y a qu’un seul moyen : consulter leurs écrits qui, malheureusement, restent inaccessibles aux communs des mortels.

Les saints font, aujourd’hui, partie intégrante de la culture marocaine et chaque région du pays met un soin particulier à entretenir leurs mausolées qui continuent d’attirer une importante population.

Le rayonnement des saints n’est plus seulement régional; il est devenu national grâce aux nombreux moussems qui sont consacrés aux plus illustres d’entre eux comme Moulay Abdallah (El Jadida), Moulay Driss Zarhoun(Meknès), Abdessalam Ben Mchiche(Chaouen) ou Moulay Brahim(Marakech).